Abstract

La question du rôle de la privation de nourriture dans la mortalité des premiers stades larvaires des poissons marins dans leur milieu naturel a suscité d'importants travaux. Les méthodes proposées font appel à différentes techniques dont aucune n'a jusqu'alors réuni tous les avantages recherchés. Le rapport ARN/ADN, prôné par de nombreux auteurs, semble présenter une variabilité qui nuit à l'efficacité de son application in situ. Quelques arguments conceptuels simples conduisent à proposer un nouvel indice biochimique, la teneur de la larve en ADN, exprimee en μg/mg de poids sec (ADN/PS). Plusieurs élevages expérimentaux de larves de sole (Solea solea L.) ont été entrepris pour tester cette approche: des privations totales ou différées de nourriture leur ont été infligees à deux températures. Il est tout d'abord vérifié que l'évolution du rapport ARN/ADN au cours du développement ontogénique d'individus témoins nourris montre une forte variabilité qui, de plus, n'est pas reproductible, pour un même stade de développement, d'un élevage à l'autre, pourtant menés dans des conditions standard rigoureusement identiques. A I'inverse, ADN/PS s'av ère beaucoup plus stable chez les témoins et présente essentiellement deux niveaux, identiques pour les deux températures testées et caractéristiques respectivement de la larve à symétrie bilatérale, puis de l'animal en cours de métamorphose pleuronecte. L'effet de la privation de nourriture est tr ès marqué chez les premiers stades, caractérisé par une élévation rapide, nettement au-del à du seuil significatif que Ion détermine à 30; pour les larves en cours de métamorphose, bien que l'effet soit moins manifeste, le dépassement du seuil de 15 révéle l'inanition. Ces résultats sont discutés en regard des travaux antérieurs, en particulier ceux fondes sur le rapport ARN/ADN. On y trouve des valeurs d'ADN/PS montrant une faible variabilité interspécifique. L'intrét de la méthode proposée est renforcé par le fait que les techniques fluorimétriques actuelles de mesure permettent de l'appliquer sans difficulté au niveau individuel.

Much work has been devoted to the study of the role played by starvation in the natural field mortality of the early larval stages of marine fishes. Although different methods have been proposed, none have succeeded in including all the various advantages found. The RNA/DNA ratio suggested by many authors seems to show a variability which adversely affects its application in situ. Some conceptual considerations have led us to propose a new biochemical index, the DNA amount in the larva (expressed in μg/mg dry weight; DNA/DW). Several rearing experiments were carried out with fed and starved Dover sole (Solea solea L.) larvae under two temperature conditions. It is confirmed that the RNA/DNA ratio during ontogenetic development of fed individuals exhibits a strong variability which, moreover, is not reproducible for the same development stage between experiments carried out in strictly identical standard conditions. On the other hand, DNA/DW is proving much more stable in fed individuals and shows two main levels which are similar under the two tested temperature conditions and peculiar to symmetrical and metamorphosing larvae respectively. The effect of starvation is very sharp in the early stages, characterized by a rapid increase beyond the significant threshold of 30; for metamorphosing larvae, this effect appears to be less important and the threshold falls to 15. These results are discussed and compared with previous works, especially those based on the RNA/DNA ratio. The literature gives DNA/DW values showing a weak interspecific variability. The interest of the method is reinforced by the fact that recent fluorometric techniques allow DNA determination in individual larvae.

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